Il est 5h du matin et mes yeux sont déjà grand ouverts quand le réveil sonne. Je n’ai presque pas dormi de la nuit mais je dois me lever quand même. Direction l’aéroport, direction Pétra en Jordanie. Je laisse mes copines à Tel-Aviv, cette fois je me lance dans une aventure en solo.
En route pour Pétra! De Tel-Aviv à Eilat
Le taxi démarre, l’avion décolle, me voilà à Eilat. Le trajet est si rapide! A peine sortie de l’avion, je suis enveloppée dans une épaisse chaleur humide qui me suivra jusqu’à Pétra. Je déciderai plus tard si elle est désagréable ou non ; j’ai d’autres choses en tête à cet instant précis.
Je sors de l’aéroport et je hèle un taxi. « A la frontière, s’il-vous-plaît ». « Laquelle?, me répond le chauffeur, Egypte ou Jordanie? ». Je souris, c’est fou comme une simple question peut ouvrir tout un champ de possibilités, nous transporter, nous dépayser. « Jordanie, je vais en Jordanie ». Je sens que Pétra se rapproche de plus en plus, et mon enthousiasme augmente à mesure que je parcours les kilomètres qui m’en séparent.
A pied d’une frontière à l’autre
10 minutes de voiture climatisée plus tard, j’arrive au poste frontière. Il est complètement désert. Contrôle du passeport, taxe de sortie du territoire, quelques interrogations. Puis le bruit sec du coup de tampon qui tatoue mon passeport en hébreu. Je passe devant une dernière guérite où siège un soldat armé et je continue d’avancer, seule sous une chaleur écrasante. Mon sac à dos me pèse, mais mon cœur est gonflé d’ivresse.
Côté jordanien, le poste frontière est la copie conforme de son pendant israélien, mais tout y est si différent. Les panneaux en arabe, l’accueil des gardes, l’attente interminable au contrôle des passeports. Il n’y a qu’un homme devant moi, vêtu d’une jallabieh sombre et d’un keffieh rouge. Nous sommes assis l’un à côté de l’autre, face à un guichet fermé. L’officier en charge des visas est parti faire une pause, mais il finit par arriver d’un pas nonchalant, une fin de cigarette dans une main, une bouteille de soda dans l’autre. C’est bientôt mon tour. Un autre coup de tampon, puis deux, puis trois, auxquels trois petits mots font écho: « Welcome to Jordan ». Mon cœur fait un bond, il n’en faudrait pas beaucoup plus pour que des larmes de joie ne viennent me mouiller les yeux.
Aqaba-Pétra: un taxi et le désert
Ca y est, l’aventure peut enfin commencer. A cette heure de la matinée, plus aucun bus ne relie Aqaba, la ville frontalière, à Pétra. Je n’ai pas le choix, ce sera taxi. Le paysage défile sous mes yeux pendant deux heures, assez monotone. Le sud de la Jordanie est un énorme désert de collines et de cailloux monochromes. Malgré tout, le trajet passe à une vitesse folle et je me retrouve vite en chaussures de marche, prête à découvrir la cité antique des Nabatéens: Pétra.
Pétra vue d’en-haut
Je ressens quelque chose de magique au moment de pénétrer dans son enceinte. Je réalise un rêve d’enfant, un fantasme de voyageur ou d’historien. Mon excitation est à son comble.
Alors que je m’apprête à emprunter le Sîq – le canyon menant à la ville de Pétra – un bédouin m’aborde et me propose la visite du site depuis les hauteurs des montagnes environnantes. J’accepte rapidement: j’ai lu quelque part que ces chemins de traverse offrent des perspectives inédites de Pétra. Et puis mon sac est lourd et je sais bien qu’il me proposera de le porter, ce n’est qu’une question de minutes…
Nous nous aventurons au cœur des montagnes et affrontons les dénivelés. Je fatigue déjà lorsque, au détour d’un laurier rose, mon guide -dont j’ai oublié le nom- m’ordonne de fermer les yeux et d’avancer lentement. Je m’exécute. Quand je les ouvre, je reste sans voix, émerveillée par la vue qui s’offre à moi. Le Trésor, temple emblématique de Pétra, se dresse sous mes pieds. C’est magique, je n’ai pas de mot.
Je sens des chatouillis sous la plante de mes pieds en regardant en contre-bas de la falaise. Les quelques touristes présents sont si petits… Je m’assieds dans le silence pour faire honneur à cette vue incroyable. La brise caresse mon visage, mon chapeau s’agite au rythme du vent. Oubliée la fatigue, envolé le mal de jambes. Je perds toute notion du temps.
Au bout d’un moment, nous nous décidons à reprendre la route, un peu à contre-cœur. On grimpe, on escalade, on admire, et puis on recommence. On discute, on rigole, j’ai l’impression d’être avec un vieil ami que j’aurais retrouvé après des années d’absence. Soudain, je réalise que le soleil est étonnamment bas et je vérifie l’heure qu’il est. La balade devait durer 2 heures, cela fait déjà 4 heures que nous marchons. C’est fou comme le temps passe vite dans ce pays! Il est alors temps de rebrousser chemin pour une autre heure de marche, facilitée par la fraîcheur de la nuit qui tombe.
Le campement bédouin, une expérience magique
Quand enfin j’atteins la sortie, je suis épuisée mais ravie. Je ne le sais pas encore, mais le meilleur reste à venir: la découverte du campement où je passerai les deux prochaines nuits, Seven Wonders. Il me suffit de l’entr’apercevoir à l’horizon pour être, à nouveau, émerveillée.
Là-bas, tout est parfait: la sérénité ambiante, le paysage désertique aux nuances de beiges et d’ocres, les tentes simples mais délicieusement confortables. Et puis les Jordaniens, qui m’invitent autour du feu pour partager un savoureux thé à la sauge. J’enlève mes chaussures, je m’assieds en tailleur, je regarde le ciel. J’inspire profondément, je souris. C’est ça, l’essence du voyage.
Pétra ou la contemplation
Une fois mon copieux dîner englouti, je tombe de sommeil et ne me réveille que difficilement le lendemain matin. Aujourd’hui, j’explore Pétra en solo. Je me faufile dans le Sîq de bon matin, alors que toutes les teintes d’orange imaginables sont venues parer le canyon. La fraîcheur est exquise. Puis tout s’enchaîne: le Trésor vu d’en bas, les chameaux faisant la sieste, les palais et autres grottes creusées dans la roche. Le silence n’est pas de mise: les graviers crissent sous le pas des touristes, les cravaches des Bédouins fendent l’air, les clics-clacs des appareils photos retentissent sans arrêt.
Je poursuis mon exploration à la recherche d’un peu de calme, et je ne mets pas bien longtemps à le trouver. A quelques mètres de là, je pénètre dans une grotte dont la roche est marquée de rouge et de bleu. Tout à coup, je suis seule au monde. Je sors mon paquet d’abricots secs et je les grignote machinalement. Au-dessus de moi, quelques peintures millénaires ornent le plafond. En face, la cité de Pétra s’étend sous mes yeux. Alors je la contemple. Oh que oui, je la contemple.
12 comments
Tes photos sont splendides, ta plume est douce et entrainante. Décidément, ton blog est ma découverte du mois.
Merci pour cette fabuleuse promenade si dépaysante et continue à nous faire rêver.
Merci beaucoup Charly! Tu me flattes :) J’espère ne pas te décevoir, malheureusement je n’ai pas de voyage prévu avant septembre :( mais je continuerai bien sûr de poster d’ici là! Bonne soirée
Les photos sont encore une fois époustouflantes et le texte, émouvant. On part avec toi, et je repars quelques années en arrière quand j’ai eu l’occasion de découvrir Petra et le Wadi Rum :)
Aahh le Wadi Rum, j’aurais aimé y aller mais je n’avais le temps. Ca a l’air superbe!
Wow ! Un voyage qui doit être follement prenant ! Tes photos sont encore une fois sublime et elles font voyager !
Disons que je pense que je m’en souviendrais trèèès longtemps :)
Superbe blog! Belle découverte :) Je pense que j’aurais du plaisir à te suivre et te lire! Une question : le design de ton blog me plaît, il s’agit un thème de wordpress?
Merci ;-)
Merci Pandora :) Non ce n’est pas un thème WordPress, je l’ai trouvé sur themeforest en fouinant pendant des heures!
Je ne connaissais pas ce site, mais je rêve maintenant d’y aller… Tes photos sont superbes ! Celles du Trésor, bien sur, mais surtout celle du campement de nuit et celles des chameaux !
Et puis j’adore ta façon de raconter, on vis chaque instant avec toi… Un article magique pour des moments magiques, je suppose ;)
Oh merci ton commentaire me fait trop plaisir! Je te souhaite d’y aller, c’est une belle expérience à vivre :)
Je viens de m’abreuver de tes fabuleurses photos et des jolis textes qui les accompagnent. Tu me confortes dans l’idée qu’il fait à tout prix que j’y aille, je n’en peux plus d’attendre d’y aller. :) C’est vraiment boulevard, ces contrastes chauds de désert, de terre pauvre en nutriments, de poussière et ce ciel bleu, ces couleurs tissés sur les tapis. MERCI
Merci à toi pour ton gentil commentaire :)