Ce que je retiens de la Guajira? Les déserts arides. La mer, rageante, qui s’éclate avec force contre le rivage. Un peuple indigène, une ethnie à part, un dialecte local. Quelques rares animaux sauvages, parmi les étendues ocres parsemées de cactus. Une nature sèche, majestueuse, écrasée par le soleil.
La Guajira, terre des indiens Wayúu
Aux confins de la Colombie, là où elle jouxte le Venezuela, s’étend la Guajira. C’est une terre âpre, dure, étrangement précieuse. Au milieu de ces grandes étendues jamais conquises par les Européens, les indiens Wayuu ont été rattachés depuis une poignée de siècles à peine au reste du pays. Ils ont conservé leur langage, leur manière de se vêtir et leur précieux artisanat.
La Guajira, à l’état sauvage
Si la capitale Riohacha est chaotique et sans charme, les zones reculées de la région sont tout bonnement à couper le souffle. On échoue sur des immenses plages au sable rouge et à la mer émeraude. Désertes. On se laisse glisser sur des dunes de plusieurs mètres de haut, jusqu’à ce que le grondement des vagues ne vienne freiner notre course. On se déplace dans des camions agricoles conduits par des gamins de 12 ans à travers la terre battue. On mange des grosses langoustes fraîches en regardant la mer. On dort dans des hamacs, on se perd dans une nature immense et désolée. On se coupe du monde pour vivre sans eau courante et sans électricité le temps d’une escapade sans égal. On regarde les étoiles, si nombreuses et si brillantes qu’elles éblouissent au beau milieu de la nuit. Tout est permis, rien n’est dicté. On se sent libre, pur, à l’état sauvage. A mille lieux de la civilisation occidentale.
La Guajira n’est pas faite pour ceux qui n’aiment pas voyager sans leur petit confort. Ni pour les hyperactifs qui ont sans cesse besoin de faire mille activités. Elle est faite pour les aventuriers qui ont envie de voir un paysage lunaire et mystérieux, d’expérimenter le calme d’une civilisation qui s’est cristallisée il y a bien longtemps. Elle est faite pour les voyageurs qui veulent dépasser leurs limites, pour ceux qui veulent découvrir une destination méconnue. Pour ceux qui ont la fureur de vivre.
Cabo de la Vela, le tourisme à la sauce indigène
Le but de notre voyage était de rejoindre Punta Gallinas, le point le plus septentrional de l’Amérique du Sud. Un lieu difficilement accessible qui s’atteint en faisant plusieurs haltes en chemin si l’on ne veut pas y aller via une agence touristique. Car oui, il y en a une ou deux qui proposent d’y aller, toujours en petit comité. Mais nous avons préféré faire ce chemin nous même, par souci d’indépendance et de liberté mais aussi pour apprécier la difficulté à rejoindre ce sanctuaire totalement isolé.
Nous nous sommes d’abord arrêtés au Cabo de la Vela, la destination la plus touristique de la Guajira. De modestes cabanons bordent une plage infinie et proposent hébergement et couvert aux voyageurs. C’est une destination prisée pour le kite-surf, comme quelques écoles spécialisées en témoignent. Le soir, on met de la musique à fond grâce à quelques salutaires compteurs électriques. Mais pas grand chose de plus. On visite les plages alentours, on fait la sieste dans un hamac, on contemple et on observe, curieux, la vie des indiens Wayuu. Qui finalement n’est pas si éloignée du quotidien de beaucoup de Colombiens.
Punta Gallinas, le souffle coupé
Nous avons dû prolonger notre séjour au Cabo de la Vela car aucun bateau ne partait pour Punta Gallinas le lendemain. Et il est impossible de rejoindre ce territoire en voiture car il n’y a ni route, ni signalisation. La légende veut que les indiens suppriment ou modifient tous les panneaux d’indication afin que personne ne vienne entraver leur environnement. Pour rentabiliser le voyage, les barques ne partent que s’il y a au moins 5 personnes à bord. Nous sommes donc partis à la recherche de compagnons d’aventure et nous avons rassemblé une Colombienne, un Brésilien et un Espagnol pour nous accompagner dans ce périple. Pour aller jusqu’à Punta Gallinas, il faut avoir le temps.
Une fois sur place, on découvre quelques maisons en torchis, rien de plus. Des chèvres qui paradent, des coqs qui chantent et quelques chiens paresseux qui font la sieste à l’ombre. Et puis, à mesure que l’on s’avance vers la baie, on découvre un paysage à couper le souffle. Une mer presque verte bordée de contours marine. Un sable orange dont les pigments sont si concentrés qu’ils en feraient presque mal aux yeux. Et ce silence, pesant, imperturbable. Même si la géographie me donne tort, à Punta Gallinas j’avais l’impression d’être au bout du monde. Là où tout s’arrête, où personne ne va. Là où l’on cache un trésor.
31 comments
Oh mon dieu comme c’est beau ! Quelles couleurs ! J’ai failli faire la Colombie à la fin de l’année, mais on a finalement privilégié l’Amérique Centrale. C’était bien aussi… mais tes photos me donnent envie d’y aller maintenant !
Merci beaucoup Charlotte pour ton commentaire! Si tu en as l’occasion je te conseille vraiment la Colombie, c’est un pays incroyablement varié et absolument sublime!
C’est avec beaucoup de plaisir que je regarde tes photos, je sens la chaleur, les odeur d’épices et une nostalgie certaine. Merci pour ce beau voyage en couleur
Merci à toi pour ton gentil commentaire! Si je peux transmettre mon amour pour ce pays je peux dire que ma mission est réussie ;)
Le bout du monde… Tu viens de nous montrer l’esquisse d’un trésor, effectivement. C’est un billet qui fait du bien, surtout en ce moment. Bonne semaine !
Merci beaucoup Nathalie. Effectivement, ce billet était prévu quelques jours plus tôt mais je n’arrivais pas à écrire face aux événements tragiques de la semaine dernière. Mais la vie continue… et tant mieux si on peut la rendre un peu plus belle.
Ton article est super et les photos sublimes. Ca donne très envie de voyager !
Merci pour ce joli compliment!
La mer est magnifique ! Tes photos sont tellement jolies, les paysages aussi d’ailleurs !
Bisous
Merci Audrey ton commentaire me fait très plaisir :)
Wow ces paysages sont à couper le souffle !
Et je crois que c’est ce qui s’est passé quand je suis arrivée là-bas: mon souffle s’est coupé. Et ça fait du bien!
Ces photos sont incroyables et donnent carrément envie. Je suis subjuguée. Ces couleurs, ces lumières, cette nature et cette dame qui est si intense. Bref, c’est juste sublime.
Ahhhh la Colombie, une terre où je me suis déjà rendue plusieurs fois, et où à chaque fois, l’obligation d’y retourner se fait plus pressante. Il me reste deux régions à visiter, le Choco et la Guajira, et cet article m’a donné encore plus envie de m’y rendre! Les photos sont merveilleuses. Un grand bravo pour transmettre cette passion!
Merci beaucoup Flo, justement un article sur le Choco (Capurgana, Sapzurro et La Miel au Panama) arrive bientôt ;)
Ah, vivement que je vois ça, je suis impatiente. Pour certains de mes amis globe-trotteurs, la frontière entre le Panama et la Colombie est le plus bel endroit du monde. Cela ne fait qu’attiser ma curiosité! J’attends avec une grande impatience tous les autres articles sur la Colombie!!
C’est gentil, j’espère que tu ne seras pas déçue :)
Ca y est, j’ai trouvé le temps de me poser pour lire ce 4ème volet. Je connaissais le sable blanc et le sable noir mais pas le sable orange. Ce contraste avec l’eau de la mer, c’est sublime ! Ces paysages sont à couper le souffle en photo, en vrai ça doit être exceptionnel !
Comme d’habitude, tes photos et ta façon de nous parler de ton expérience m’ont fait voyager, le temps de quelques minutes. Merci et à très vite pour la suite ? ;-)
Merci à toi pour ta fidélité! La suite arrive vite ;)
Quelles couleurs! on en prends plein les yeux!
Merci Anne, je suis ravie que ça t’ait plu!
Génial cet article qui me replonge dans mes souvenirs récents. Je suis tombée complètement sous le charme de cette région que j’ai visité il y a 2 mois ! J’en ai fait un article aussi sur mon blog !!!
http://www.curiosites-futilites-new-york.com/2014/12/la-guajira-un-tresor-lextremite-nord-de.html
Oh oui, je l’avais lu il y a quelques temps! C’est sympa de voir le regard de quelqu’un d’autre sur les mêmes paysages, le même endroit…
A COUPER LE SOUFFLE !!!!!….. Superbe blog et photos wahou
Nous serons à Cartagena mi février
Pourriez vous nous communiquer le nom de l’agence par laquelle vous êtes passées ? SVP
Et où elle se trouve ? Santa Marta….. Ou….. Rio hacha ?
Nous les contacterons car nous sommes conquises
MERCI BCP
Bonjour :)
Je ne suis passée par aucune agence, je me suis arrangée auprès de mon « hôtel » à Cabo de la Vela pour avoir une barque jusqu’à Punta Gallinas, et j’ai trouvé d’autres personnes intéressées car le bateau ne part qu’avec 5 personnes minimum. Mais vous trouverez plein d’agences à Riohacha, vous n’avez aucun souci à vous faire là-dessus!
Coucou Pauline ! Je suis en train de planifier un voyage en Colombie et ton blog m’aide beaucoup ! Tes photos sont magnifiques !! Quel appareil utilises tu ?
Merci ,
Laura
Bonjour Laura et merci! J’utilise un hybride Olympus, le pen epl3.
Bon voyage!
Bonjour,
Cette zone m’attire beaucoup et tes photos sont magnifiques. Comment t’es tu rendue la bas et comment as tu visité cette zone si reculée ?
Merci beaucoup
Tout est expliqué dans l’article ;)
Bonjour Pauline,
Merci pour ton blog que je découvre depuis quelques jours. J’adore !
Petites questions, vous êtes allés en camion agricole jusqu’à Cabo de la Vela si j’ai bien compris ? Depuis Riohacha ? Comment avez-vous trouver quel transport prendre ? C’est pas trop compliqué ? Finalement la Guajira ça vous a pris combien de temps, et d’argent ?
Merciii
Bonjour Lola,
Non pas du tout, nous avons été en voiture jusqu’à Cabo de la Vela puis en barque jusqu’à Punta Gallinas. C’est une fois là-bas que nous avons été aux dunes de Taroa en camion agricole. Il suffit de demander sur place et tu trouveras forcément un arrangement! Nous sommes restés 4 jours au total dans la Guajira mais quant au budget je ne pourrai pas te renseigner car c0était il y a plusieurs années et je ne m’en souviens plus du tout…