Aujourd’hui, je vous emmène dans la région de Tayrona près de Santa Marta, sur la côte Caraïbe. Et le plus surprenant -le plus frustrant peut-être-, c’est que le plus beau souvenir que j’en garde n’est illustré par aucune photo.
Palomino, un petit coin de paradis
Ici, je vous montre Palomino, un petit village qui possède l’une des plages les plus agréables de Colombie. Un endroit tellement relax que j’en ai presque délaissé mon appareil photo… La raison? Des petits restaurants sur la plage, quelques paillotes en guise de bars, des crevettes à la noix de coco, des transats en bambou, une ambiance internationale et festive, des cours de yoga sur le sable et le souvenir d’un hamac dans lequel j’ai passé le plus clair de mon temps.
Le Parc Tayrona, une jungle bordée de plages
Ici, je vous montre aussi la beauté du Parc Tayrona, un espace sauvage et préservé où il faut marcher des heures durant dans la jungle pour atteindre la plage. Un endroit où les seuls véhicules habilités à emprunter les petits chemins sont les chevaux. Un lieu où l’on croise les ouistitis dans leur habitat naturel et où l’on entend les cris d’une multitude d’autres espèces sans pouvoir les apercevoir ni les identifier. Un havre de paix où le seul complexe hôtelier de la zone est composé d’une vingtaine de petits bungalows surplombant la mer.
Ces petites constructions de bois, de bambou et de palme sont un refuge fabuleux. On grimpe plusieurs minutes avant de les atteindre, et puis le calme nous prend aux tripes. On est seul face à la mer, on entend le bruit des vagues se casser contre les rochers. L’air est pur, on respire.
Les tribus Kogi, au cœur des montagnes
Autrefois, c’est la tribu indigène Kogui qui peuplait les lieux. Aujourd’hui, elle vit retranchée dans les montagnes de la Sierra Nevada de Santa Marta, celles qui apparaissent avec caractère en toile de fond de tous les paysages de la région. De nombreux sentiers touffus forment les veines de ces montagnes impénétrables. Si on a le temps et l’envie, il est possible de s’en remettre aux services d’un guide (indispensable pour ne pas se perdre et pour pouvoir pénétrer dans les sanctuaires indigènes) qui nous mènera vers les villages Kogui. Seuls certains d’entre eux acceptent de recevoir des visiteurs car ils ne veulent pas se mélanger au monde moderne. Ils ont leurs lois, leurs traditions, leurs règles. Si l’un d’entre eux reste plus de deux jours en contact avec la civilisation à l’occidentale, une punition l’attend à son retour.
Excursion dans un monde parallèle
Ces indigènes vivent en communion parfaite avec la nature. La plupart de leurs villages se situe à des jours de marche des villes modernes. Nous avons entrepris un trek d’une demi-journée pour partir à leur rencontre. C’est le minimum, mais nous n’avions malheureusement pas le temps de nous y attarder plus longtemps. Après des heures de marche assez pénibles, nous sommes parvenus au village Kogui le plus proche. Il était désert, seule une famille s’y trouvait. Tous avaient l’air absent, surtout le père, qui mâchait des feuilles de coca (voir ici mon article sur un autre village indigène Kogui).
Nul doute que nos codes de politesse leur sont totalement étrangers: ils ne savaient pas ce que nous voulions et ne comprenaient pas nos signes. Un peu gênés, nous avons eu peur de déranger et avons donc poursuivi notre chemin en nous dirigeant vers le fleuve. Nous devions rejoindre notre point de départ en descendant les rapides, mi-assis mi-allongés sur des pneus gonflables.
Et c’est à ce moment-là que les plus beaux souvenirs de ce voyage m’ont frappée en plein visage.
Une civilisation secrète
Alors que nous étions à moitié immergés par l’eau froide du fleuve, on entendait des bruits de pas et on pouvait entrevoir les tuniques blanches si caractéristiques des Kogui à travers les feuillages. Ils étaient là, on le sentait. Peut-être nous observaient-ils, peut-être étaient-ils tapissés pour ne pas que nous les voyons ou pour que ne nous découvrions pas le chemin qu’ils empruntaient. Comment aurions-nous fait, nous qui dévalions le fleuve en nous laissant happer par le torrent?
Toujours est-il qu’au bout de quelques minutes, nous sommes tombés nez à nez sur un groupe d’enfants indigènes qui étaient venus se laver dans le fleuve. Ils ne savaient pas ce que signifiaient les saluts qu’on leur adressait de la main, mais leur rire franc en disait long sur l’excitation qu’ils ressentaient en nous voyant. Un rire pur, enfantin, universel. Si touchant qu’il résonne encore dans ma tête à l’heure où j’écris ces lignes.
A cet instant précis, le temps s’est figé et mon cœur s’est serré. J’avais le sentiment d’avoir découvert une tribu secrète, une machine à remonter le temps ou un pays encore jamais conquis. Cela n’a duré que quelques secondes à peine, mais mon esprit a été marqué à jamais. Le fait de ne pas avoir pu m’arrêter me donne l’étrange sensation d’avoir vu un mirage, une vision evanescente qui s’est évaporée bien trop vite. Pourtant, tous mes souvenirs sont bien réels. Au XXIème siècle, il existe encore des civilisations qui vivent en autarcie au beau milieu de la végétation luxuriante, totalement perméables au monde qui les entoure. Depuis, je ne pense qu’à ça, assaillie par l’envie pressante de retourner explorer ce peuple si mystérieux.
5 comments
Je retrouve bien ma propre expérience dans ce que tu racontes du Parc Tayrona et du treck. Ce sont vraiment des moments entre parenthèses qui sont donnés à vivre, et on se sent tellement déconnectés de toute civilisation, de tous repères. De très bons moments!
Merci pour ce partage d’expérience et pour ce texte si joliment écrit!
Merci à toi Flo d’avoir pris le temps de poster ce gentil commentaire :)
Bravo pour cet article, j’aime beaucoup ta façon d’écrire et tes photos ! Très belle expérience, qui donne envie de découvrir ce coin de paradis :)
Merci Ana, effectivement c’est une expérience que je te conseille vivement et que j’ai hâte de revivre en ayant plus de temps!
Voilà encore une belle facette de la Colombie :-) Merci pour le voyage !