Aujourd’hui, on met le cap sur Capurganá, la région frontalière colombienne accoudée au Panama. C’est une destination totalement différente de celles que j’ai pu vous montrer jusqu’à maintenant. Le cœur de cette zone recluse est Capurganá, un petit village tranquille en bord de mer. On n’y trouve ni route, ni véhicule motorisé, ni banque. Que du sable, des barques à moteur et des bougainvilliers en fleurs. Je vous montre à quoi ressemble une journée à Capurganá, vous me suivez?
Capurganá, la paresse…
Au petit matin, je me réveille avec les premiers rayons du soleil qui filtrent à travers les fenêtres de mon petit bungalow. Je fais un câlin à mon amoureux et j’étire mes bras en baillant pour émerger. Je passe vite fait sous la douche, j’enfile mon maillot de bain, une robe légère et mes tongs. C’est bon, je suis prête. Je me dirige vers le petit port, là où toute l’agitation du village se concentre. En chemin, j’aperçois une femme d’une soixantaine d’années qui installe un thermos de café et des tupperweares remplis d’empanadas sur une table en plastique recouverte de toile cirée. Elle me donne mon petit-déjeuner en échange de quelques pièces et je m’installe sur le pas d’une porte le temps de grignoter mon butin. Je ne peux pas m’empêcher d’écouter les conversations des voisins, qui mêlent colportages et blagues entendues.
Mon attention est soudain attirée par un bruit bien différent: celui des coquillages qui s’entrechoquent. La boutique d’à côté vient d’ouvrir, et le vendeur installe ses bijoux de pacotille sur la devanture. L’odeur de café domine à présent toute la rue.
Une fois rassasiée, je me dirige vers une plage qui réalise la prouesse d’être à la fois tranquille et animée. Les vacanciers sont peu nombreux, pourtant tous les ingrédients sont réunis pour les envouter: des paillotes qui vendent de cocktails et des fruits de mer, des masseuses qui officient en retrait, une mer d’huile, un soleil splendide, des notes de salsa qui résonnent dans l’air. Je profite de tout, je paresse, le temps passe, je ne m’aperçois de rien.
… et la fête
Et puis vient la nuit. Il est temps de sortir de la torpeur. Un petit tour au bungalow, un changement de fringues et je me sens comme neuve. Pour l’apéro, notre choix se porte sur l’hôtel-restaurant du port. Sa terrasse sur la jetée, son ambiance tamisée et ses cocktails sont tout ce dont j’ai envie. Je bois mon verre au rythme des vagues qui se fracassent contre les rochers.
Nous décidons ensuite de changer de décor pour le dîner. Nous avons repéré un resto mi colombien, mi italien qui cachait le plus mignon des jardins intérieurs. J’y pénètre, on nous amène dans un lieu encore plus privilégié: une mezzanine sous un toit de chaume où des hamacs et quelques matelas nous attendent. Je me dirige naturellement vers le hamac, que je partage avec mon amoureux. Je suis bien, j’ai envie que le temps s’arrête.
Après avoir englouti notre repas, mon amoureux me prend par la main. Il m’emmène dans un endroit qu’il a connu il y a des années, quand il était venu pour la première fois à Capurganá. Nous longeons la côte et arrivons dans un grand hôtel dont mes yeux n’ont pu distinguer que les balustrades en pierre dans la nuit. Après avoir traversé la zone de la piscine, nous arrivons dans une boîte de nuit en plein air, où la piste est un kioske géant sous une coupole. C’est magique. Nous nous installons à une table: un tronc de bois brut coupé à la bonne hauteur. L’air est doux, la musique entraînante.
Sapzurro, la paisible
Le lendemain, nous décidons de partir en route vers le Panama. Certains pêcheurs proposent d’y aller en bateau, mais nous préférons traverser la jungle à pied. Après tout, il n’y a que 2h de marche. Munie d’un bâton pour faire fuir les éventuels serpents cachés dans la végétation qui dort sur les sentiers, je commence à grimper. La route est difficile, il faut franchir une montagne qui fait office de frontière naturelle entre la Colombie et le Panama. Inutile de préciser que la vue sur le golfe, quand elle se dégage, est à couper le souffle.
En chemin, une petite cabane en bois rafistolée de partout jaillit dans notre champ de vision. Nous nous accordons une petite pause et discutons avec le propriétaire des lieux. Un petit jus de carambole plus tard, je me sens prête à continuer la route.
Au bout d’une heure trente, nous atteignons le dernier village frontalier: Sapzurro. Je suis frappée par sa tranquillité et la douceur de vivre qui s’en échappent. La pelouse est parfaitement tondue, de magnifiques voiliers parsèment la mer. Les maisons sont belles. Alors que nous traversons le village, j’aperçois un grand bar déjà ouvert avec un billard. A côté, des gamines préparent des jus frais pour les vendre à qui veut.
La Miel, la délicieuse
A la fin d’une rue qui semble ne mener nulle part, des escaliers chevauchent la montagne. Je ne parviens pas à voir où ils se terminent, mais c’est eux qui donnent accès à la frontière panaméenne. Pied droit, pied gauche: je monte jusqu’à plus soif. La tête commence à me tourner quand je vois enfin le poste frontière. Une chaise, trois officiers en tenue militaire, une pancarte « Bienvenue au Panama ». Contrôle du passeport, inscription au registre.
Il faut maintenant redescendre la montagne. En bas, je traverse un petit village qui semble être le décalque de Sapzurro. Les hommes jouent aux échecs, les femmes tendent le linge. Je poursuis mon chemin jusqu’à la plage. Et là, c’est l’émerveillement. Le sable est si doux que j’ai l’impression de marcher sur du coton délicieusement tiède. La mer est agitée, mais sa couleur cyan m’hypnotise. J’installe ma serviette à l’ombre des cocotiers et je m’endors…
Où dormir à Capurgana?
A la Finca El Regalo pour un séjour authentique ou à l’auberge de jeunesse Kachikine pour ses petits prix et sa bonne ambiance.
21 comments
Quel merveilleux périple. On se sent bercé par le flux et le reflux au fil des mots et des photos de ta rubrique. C’est enchanteur, comme ce pays et cette région qui a l’air simplement splendide et sereine à la fois. C’est un endroit où j’avais déjà très envie de me rendre, maintenant c’est une certitude, lors de mon prochain voyage en Colombie j’y ferai un crochet, et je planifie aussi un petit détour par le Panama!
Un grand merci pour cette parenthèse onirique… et vivement ton prochain article sur ce pays si envoûtant!
Merci Flo! Oui, tu devrais vraiment y aller, c’est encore un aspect très différent du pays même si on y retrouve une ambiance foncièrement colombienne. Il ne me reste plus qu’un dernier article sur la Colombie: Carthagène! Mais il y en aura forcément d’autres quand j’y retournerai :) Je t’embrasse!
Quel magnifique article sur la Colombie, j’adore! Et les photos sont superbes! Ca donne envie d’aller au soleil!
Merci :) Moi aussi, j’ai envie de soleil! Vite, que la chaleur revienne!
Tellement dépaysant :)
Merci Amélie, je suis ravie de t’avoir fait voyager un peu :)
Les plages sont magnifiques, la couleur de l’eau est incroyable! visiblement, la Colombie mérite le voyage!
On est bien d’accord ;)
Effectivement, cela semble dépaysant, même par rapport à la côté « nord » de la Colombie. Pour de nombreux colombiens d’ailleurs cette zone frontalière fait partie des plus belles régions, au même titre que San Andrea… Il me tarde de m’y rendre…
Tu as vu la polémique sur San Andres? Le Nicaragua veut récupérer le territoire et promet des infrastructures qui pour le moment font défaut. Affaire à suivre… Pour ma part j’espère vraiment y aller (et surtout à Providencia) en aout prochain, ya veremos!
Par un vendredi interminable au bureau, tu m’as fait voyager avec ton bel article.
On ressent le ressac des vagues à travers tes paragraphes et la torpeur des petites villes du sud. J’y ai senti comme un goût de bonheur tranquille.
Le bonheur tranquille, c’est tout à fait ça <3
Hello
Waou ca envoie du lourd les images de cette région. Petite question: sais-tu si il y a moyen de plonger un peu dans ce coin? Vu que le tourisme n’est pas développé on pense que ça pourrait être très très bon.
Merci d’avance.
Jm et Sophie
Bonjour! Désolée de vous répondre si tard mais je viens de voir votre commentaire, j’étais partie vagabonder sur la côte caraïbe. Je n’ai pas souvenir que l’on puisse plonger dans le coin mais les choses ont peut-être évolué depuis que j’y avais été… Dans tous les cas vous pourrez faire au moins du snorkeling :)
Salut super article… tu recommande l’hôtel et la ville pour une lune de miel ?
Tout dépend de ce que vous recherchez pour votre lune de miel! Si vous voulez de l’authentique c’est génial, si vous cherchez quelque chose de plus luxe je vous recommanderais plutôt Carthagène. Mais j’imagine que vous comptez bouger un peu en Colombie? Regarde aussi les Ecohabs du Parc Tayrona, c’est un hôtel incroyable!
Bonjour et merci pour ce super article qui donne vraiment envie d’aller dans ce petit paradis perd !
Nous projetons d’ailleurs d’y aller cette année avec notre fille (7 ans). Nous restons 1 mois en Colombie et pensons aller à Capurgana fin avril début mai. Mais nous hésitons pas mal, avril et mai sont des mois assez pluvieux, nous avons peurs que le temps ne nous permettent pas de profiter et de découvrir pleinement cette région.
Aurais-tu des infos ? Tes photos montrent un ciel bleu, à quelle période de l’année as-tu fait ce voyage ?
Merci !
Marilyne
Bonjour Marilyne,
Il faut savoir qu’en tant que pays tropical proche de l’Equateur, la Colombie a un climat qui varie beaucoup plus en fonction des régions que des saisons. Capurganá est située aux abords de la jungle du Darien, sur la côte Caraïbe ; le climat y est donc toujours chaud et humide. Il y a des risques de pluies tropicales toute l’année, mais c’est en juillet-août qu’elles sont le plus probables. De toute façon, elles ne sont pas vraiment dérangeantes. Je pense qu’en avril-mai vous ne courrez pas beaucoup de risque, j’y avais été en janvier pour ma part et effectivement, 0 nuage à l’horizon. Mais il m’est aussi arrivé d’avoir meilleur temps en août qu’en décembre dans d’autres coins des Caraïbes, je dirais donc qu’il n’y a pas vraiment de règles!
Très bon voyage en famille :)
Merci beaucoup pour ta réponse Pauline et bonne continuation!
Marilyne
Bonjour Pauline,
Merci pour ton article tres interessant qui sors des sentiers battus de la cote caraibes. Nous souhaiterions y aller dans les jours qui arrivent, peux tu nous indiquer le trajet depuis cartagene ?
Merci a toi,
Bonjour,
Malheureusement le trajet depuis Carthagène est vraiment compliqué (il faudrait aller en voiture jusqu’à Turbo puis prendre le bateau – il ne part qui le matin / ou un taxi jusqu’à Necocli puis un bateau le matin également). Cela prendrait au moins 8h de route et il faudrait dormir à Necocli ou à Turbo. Le mieux est de prendre un avion jusqu’à Capurgana depuis Medellin.
Bon voyage!