Fès ou les mille et une nuits

J’avais gardé un souvenir excellent mais flou de Fès, que j’avais découvert il y a 10 ans lors d’un précédent voyage au Maroc. Je m’étais promis d’y retourner plus longuement, j’avais raison de garder cette idée en tête. Fès m’a charmée une fois de plus.

Fès, touristique mais accueillante

Après un long voyage en bus depuis Chefchaouen, j’arrive à la gare routière de Fès alors qu’il faisait déjà nuit. A peine ai-je eu le temps de mettre un pied dehors que me voilà déjà entourée de locaux voulant savoir si j’avais réservé un hôtel. Je réponds par la négative au plus sympathique d’entre eux. Il s’agite dans tous les sens. Il me demande quel est mon budget et quel type d’hébergement je recherche, tout en pianotant sur son téléphone.

Un coup de fil et deux minutes plus tard, son vieux frère apparaît. Il a les cheveux frisés et d’épaisses lunettes carrées comme on n’en fait plus. Il me dit dans un français approximatif que tout est arrangé et qu’il a une chambre libre dans un riad qui correspond parfaitement à mes attentes. Je décide de le suivre et d’aller jeter un œil: dans le pire des cas, il m’aura au moins guidé rapidement jusqu’à la médina, qui n’est pas toute proche de la gare routière.

Le trajet en taxi se passe sans encombre. Je suis soulagée de voir que le chauffeur a mis le compteur, probablement grâce à la présence de mon nouveau guide marocain. Je paie une somme ridiculement basse et arrive finalement aux portes de la médina de Fès, la plus grande du monde arabe.

Dès que je pénètre dans son enceinte, une foule de souvenirs se bouscule dans mon esprit. Je me revois arpenter ces ruelles, observer avec curiosité les étals de nourriture, humer le parfum de viande grillée et de légumes bouillis qui se dégage des cuisines des nombreux restaurants. Je perçois quand même avec regret que la ville est très touristique, ce qui n’était pas la cas de mes précédentes étapes, Tanger et Chefchaouen.

Dar Assia, un joli riad à Fès

Après environ cinq minutes de marche, nous empruntons une rue tellement étroite que je n’en avais même pas repéré l’entrée. J’entends un bruit de ferraille provenant de la poche de mon guide. Sa main remue à l’intérieur. Il ne tarde pas à en sortir une grande clé rouillée. Il ouvre une porte en bois épais, et là, stupeur: je me retrouve dans la cour intérieur d’un magnifique riad tout en mosaïques: le riad Dar Assia. J’adore déjà cet endroit. Nous montons à l’étage et il me montre ma chambre. Je suis ravie et me glisse rapidement dans mes draps tout doux pour une bonne nuit de sommeil.

Le lendemain matin, un petit-déjeuner gargantuesque m’attends. Des crêpes aux gâteaux en passant par le fromage, le pain et les fruits: mon hôte a mis les petits plats dans les grands (la photo ci-dessous ne montre qu’une partie des victuailles!). Le lendemain, il se souviendra de ce que j’avais mangé ou non et arrangera ma table en fonction de mes préférences. Si ça, ce n’est pas avoir le sens de l’hospitalité!

La médina de Fès, un incontournable au Maroc

Pour visiter la médina de Fès, j’ai décidé de faire appel à un guide. Il faut dire qu’elle est si grande qu’il est impossible de ne pas se perdre quand on ne la connaît pas. Elle compte un très grand nombre de mosquées, mais aussi des bibliothèques, des medersas et un nombre incalculable de bâtiments historiques. Fondée au IXème siècle, la médina de Fès a connu son âge d’or au XIIIème siècle, époque durant laquelle la ville devient capitale du Maroc.

Aujourd’hui, le rayonnement passé de Fès se ressent dans tous les recoins de la médina. C’est l’Orient dans toute sa splendeur: les maisons sont en terre, en bois sculpté, en céramique ou en or. Les artisans sont partout, classés par corps de métier. Fabriquant de peignes en ivoire, tanneurs, marchands de tapis ou de parfums, potiers, menuisiers, rémouleurs… Il me faudrait des heures pour dresser la liste exhaustive de toutes les types d’artisanat que j’ai vus à Fès.

Et puis bien sûr, Fès ne serait pas ce qu’elle est sans son imposant marché. La gastronomie locale est particulièrement appréciée par les Marocains: le confit de dromadaire ou les escargots n’en sont que des exemples.

En un mot, Fès est une ville pleine de trésors cachés qui nous plonge dans un Maroc d’antan. La médina grouille, elle est bruyante, traversée à tout bout de champ par des ânes chargés de marchandises et par des artisans au tablier sale. Mais elle est surtout fascinante et offre la fabuleuse opportunité de se plonger dans un univers digne des mille et une nuits.